Nous n’avons pas besoin de Raison pour Être

Et pourquoi nos entreprises devraient-elles avoir une Vision ?

Vous savez, lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes pour la première fois, ou que c’est à vous de parler dans le fameux tour de table ? « Racontez-nous qui vous êtes »

Personne ne répond correctement à la question. Et pour cause, personne n’attend que vous répondiez : « je suis gaucher, j’aime les chocolats, je rêvai de voir la Terre d’en haut lorsque j’étais petit, et chaque fois que je passe devant un étal de pommes, je réprime une petite envie d’en voler une… »

Lorsque l’on nous demande qui nous sommes, l’on s’attend à entendre ce que nous faisons, n’est-ce pas ?

Et ce qui est vrai à titre individuel, l’est aussi au niveau de l’Entreprise. Ce qui décrit une entreprise, n’en déplaise aux puristes c’est ce qu’elle fait.

« Tu sais Air France, la compagnie aérienne » ou « Seat, le constructeur automobile » ou encore « UNYCK, les coachs en entreprise » 😉…

Bien sûr Simon Sinek, dans sa vidéo décrivant le Cercle d’Or, est dans le vrai à 150%. Les leaders qui ont changé le monde sont ceux qui ont su porter au plus haut une croyance fondatrice, un eVision.

Mais voilà, retour sur terre : les entreprises aujourd’hui, dans leur grande majorité, ne changent pas le monde, elles le perpétuent tout au mieux. Alors à quoi bon affubler nos entreprises lambda d’une Vision qui tendrait à faire prendre des vessies pour des lanternes ?

Amis et amies entrepreneurs, leaders, chefs d’entreprise ou futurs dirigeants, les prochaines lignes vous aideront peut-être à répondre aux mal embouchés qui prétendent qu’une Vision, une raison d’Être en entreprise, c’est du flan…

 

#1 – Tout est question de Valeur.

Une communauté quelle qu’elle soit, repose sur des fondamentaux invariables. L’un d’entre eux est l’existence d’un Objet Commun transcendant les aspirations individuelles.

En d’autres termes, ce que recherche ma communauté est tellement excitant que je décide de mettre de côté une partie de mes libertés individuelles pour à avoir le droit de participer à sa quête.

En d’autres termes encore 🙂 seul je n’atteindrai jamais ce Graal, et il a une valeur supérieure à tout ce que je pourrais obtenir tout seul…

Le constat est simple : Nous intégrons volontiers une entreprise pour un poste, une activité, une mission, mais nous n’y restons pas 10, 15 ou 20 ans pour cela. C’est la raison d’être d’une entreprise qui va cimenter la loyauté de ses collaborateurs, si tant est que cette dernière soit authentique, et que l’organisation veille à l’alignement constant du tryptique Valeurs – Décisions du moment – VISION

Donc pas de raison d’être, pas de collectif engagé dans l’atteinte de la Vision

 

#2 L’identité facilite l’autonomie

La raison d’être d’une entreprise est le point de départ. La stratégie vient soutenir l’accomplissement de cette Vision, et la gouvernance permet de piloter l’efficacité du dispositif.

Voilà comment nous résumons grossièrement la logique de construction d’un projet d’entreprise.

C’est donc bien la raison d’être qui donne le coup d’envoi. Mais après ? comment s’assurer que tout le monde agit dans la bonne direction, fait les bons choix ?

Dans le petit monde du Change, un courant de pensée a longtemps dominé… « Le clou qui dépasse appelle le marteau » avait-on l’habitude d’entendre en apprenant le métier…

Ce temps est depuis longtemps révolu. La question de l’engagement ne se résout pas par le biais de la relation hiérarchique. Elle se résout par la force du sens.

Si mes collaborateurs savent où nous allons, alors ils seront à même de décider quelle solution, de A ou de B, nous rapproche le plus de notre objectif. La prise de décision pertinente s’appelle l’autonomie. L’autonomie est rendue possible par une raison d’être comprise, incarnée et véhiculée par tous dans une organisation.

Donc pas de raison d’être, pas d’autonomie individuelle

 

#3 L’envie prime la raison

Les humains sont des individus paradoxaux. Nous prêtons la même importance à ce qui est de l’ordre du rationnel qu’à ce qui est de l’ordre de l’émotionnel. En focalisant notre attention sur la stratégie et les résultats, nous remplissons 50% du contrat. En prenant le temps de véhiculer les valeurs, la Vision, la Raison d’être, nous remplissons les 50% restants.

La vérité est finalement plus nuancée. Ce rationnel qui nous importe tant est constamment mis en danger par le passager clandestin de nos prises de décisions : Nos émotions

Notre perception de notre environnement est conditionnée par le filtre de nos émotions. C’est pourquoi nous ne cessons de le répéter : l’envie prime la raison.

Les résultats, les objectifs, les feuilles de route, les plans d’actions… ne sont que des véhicules, des moyens, des indicateurs mis au service de l’organisation pour évaluer son efficacité.

Mais au bout du chemin, vous retrouverez toujours le collaborateur décidant, ou pas, de s’engager dans l’action.

La question revient alors comme naturelle : comment motiver nos collaborateurs. La réponse est bien-sûr éminemment complexe, mais si vous choisissez de la chercher, regardez plutôt du côté de votre Raison d’être

Pour résumer mon propos en quelques mots (pour vos interlocuteurs mal embouchés) : Une raison d’être ne vous garantit pas que vous réussirez à changer le monde, son absence vous garantit que vous échouerez.

Au fait, notre Raison d’être c’est DIRIGEANTS PLUS JAMAIS SEULS ..

Benjamin Sorbets

Benjamin Sorbets

« Merci de nous obliger à regarder les
moindres détails, même et surtout là où on aurait plutôt envie
de mettre un grand coup de balai… »